Tout ce que j'ai toujours rejeté et repoussé jusqu'à maintenant en ne sortant que le jour, même pour prendre des rendez-vous, je me suis toujours arrangée pour ne pas avoir à sortir dans le noir, m'a explosé à la figure car j'ai surtout réalisé que lorsque la maladie aura terminé son sabotage, je me retrouverai dan cette position le jour aussi. Surtout qu'elle prenne son temps la rétinite pigmentaire pour manger mes cellules et détruire mes bâtonnets.
Malika, si tu savais comme j'ai pensé à toi tout au long de ce parcours mais quand je te vois telle que tu es ça me donne du courage. (vous saurez bientôt qui est Malika).
Je vous raconte mon parcours.
Très confiante, je suis partie frranco, un peu trop pour mon ergothérapeute, mais je pensai bien connaître ma rue dans laquelle j'évite tous les obstacles le jour, dans les 1er cinquante mètres j'ai embrassé un pilonne électrique, heureusement que Marie était là pour me retenir car je n'ai pas écouté la canne taper dans le pilonne. Puis je me suis dirigée vers la pharmacie, j'ai traversé les quatre passages sans problème.
Deuxième obstacle, une dame qui s'est collée contre le mur pour me laisser panser mais j'ai mis quand même la canne dans ses pieds et comme je ne la voyais pas, je me demandais ce que j'étais en train de triturer et elle ne faisait pas de bruit alors c'est Marie qui m'a dit "il y a une dame". Je me suis excusée et elle a été très gentille. Elle m'a dit qu'elle avait un chien mais je ne le voyais pas et elle m'a également averti que j'aurai d'autres obstacles sur mon passage dans 20 m notamment un petit enfant.
Petit conseil de l'ergothérapeute à ce moment là : N'hésitez pas à faire du bruit pour vous signaler au non voyant, toussez ou dites lui bonjour tout simplement.
Je continue alors mon chemin beaucoup plus lentement, je me suis arrêtée un moment, pour essayer de prendre un repère, je me suis un peu égarée au niveau du garage avenue de Rosendaël, j'étais bien partie pour y rentrer mais ce n'était pas mon but.. Je poursuis et je m'arrête à nouveau car je ne savais plus où j'étais, j'ai don cherché un repère du regard en faisant un balayage visuel de la rue et ouf, j'ai reconnu un magasin de vêtement dont la vitrine était allumée. Mon but n'était donc plus très loin. Je me repère finalement et trouve le passage piéton face à mon point de chute où je me tiens en position d'attente et ce soir franchement les automobilistes n'étaient vraiment pas sympa. BOUUUUU zéro pointé, j'ai du faire le forcing en m'avançant et obligeant les voitures à s'arrêter, sinon je pense que je serai encore en train de faire le poireau place des martyrs de la résistance . C'est toujours comme ça où il n'y a pas de feux tricolores. . Parfois une voiture s'arrête mais ne connaissant pas la méthode de traversée d'un non voyant, patiente 3 secondes et redémarre.
Alors les automobilistes je vous explique, prenez note :
Avant de traverser, le non voyant se sert de ses oreilles pour écouter la circulation, il ne s'engage que lorsqu'il est certain que la voie est libre de tous les côtés de la rue ou pire du carrefour et pas seulement à l'endroit où le véhicule s'arrête. Alors, quand vous vous arrêtez pour laisser traverser un non voyant, soyez gentil de patienter peut-être trente secondes pour que la personne ait le temps de s'assurer avec ses oreilles qu'en face on le laisse passer aussi car ce n'est pas toujours le cas.
J'ai enfin atteint mon but, je peux donc faire le chemin inverse de l'autre côté de la rue, je commence à progresser, à mieux sentir les obstacles avec la canne. De retour dans mon quartier, je décide de refaire le parcours jusqu'au Kiné et je ne m'en suis pas mal sortie, j'ai retenue les consignes de la dernière fois et j'ai évité les petits potelés et le gros bac à fleurs. Sur le chemin du retour, ma canne a visité une cabine téléphonique mais pas moi, j'ai bien négocié l'endroit.
Par contre, encore un reproche aux automobilistes ,oui c'est la saint automobiliste ce soir : Merci de ne pas stationner sur les trottoirs car la canne se coince sous ls pneus, elle cogne la voiture en balayant et les rétros on se les prend dans le bras, l'épaule ou le visage selon la hauteur du véhicule. ( je me suis déjà pris en pleine face et à plusieurs reprises des rétros de camionnettes garées sur les trottoirs : la canne ne voit pas les rétros). Je suis enfin de retour chez moi, ce cours m'a paru des heures.
Verdict de mon ergothérapeute :
Il faut que je sois plus patiente mais sur un parcours d'environ une heure quinze j'ai nettement progressé à la fin. Il faut que je m'habitue à sortir dans le noir et elle n'es pas inquiète pour moi.
La semaine prochaine on repart dans le noir et en parcours inhabituel. A SUIVRE...
je viens de lire le récit de vos cours de locomotion. Je suis émerveillée de voir un mal ou non voyant dans la rue qui se dirige avec une canne. Et pour certains d'entre eux avec quelle rapidité! L'apprentissage ne doit pas être facile, je le lis dans votre blog pour les déplacements nocturnes, la gêne des points lumineux etc ... après discussion avec des non voyants ( j'en côtoie beaucoup dans une école de chiens guides à roncq)ça vaut le coup de faire tous ces efforts pour retrouver de l'autonomie. Je vous souhaite de bien réussir cette démarche, je ne doute pas de la réussite en vous lisant on sent une force en vous celle d'y aller d'avancer c'est sur. Bon courage et soyez patiente ça va aller vous y arriverez.
RépondreSupprimercordialement bonnes fêtes de fin d'année.
marie f.